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La chair est triste hélas, et j'ai lu tous les livres!(Mallarmé, Brise marine)

  Je profite d'un repos bien mérité après le concours. Je suis rentré chez mes parents, les bagages remplis de livres. Je passe les journées dans ma chambre, plongé dans des textes que je voulais lire depuis longtemps. La Khâgne, est un gouffre qui absorde tout le temps et tout le plaisir de la lecture. Pour faire une bonne prépa il faudrait ne pas lire de livres autres que les oeuvres au programme. Je n'ai jamais pu m'y résigner et aujourd'hui plus que jamais j'ai envie de me plonger dans des oeuvres que je n'ai pu que survoler. J'ai une pile de livres à droite de mon lit, de la musique pour m'accompagner. Aux mots de Duras, de Bataille, de Nietzsche, d'Huysmans, de Marlowe, de Racine, de Dante et de Sartre se joignent: les longues plaintes remplies de tristesse de Lhasa, la voie surannée de Keren Ann, les chansons tristes de Vincent Delerm et la force d'Elliot Smith.

 Je ne sors pas de cette chambre qui est la mienne sans m'appartenir vraiment, mes parents étant arrivés ici après que j'aie eu mon bac et quitté la maison. Dans ce lieu qui m'est à la fois familier et étranger je me suis aujourd'hui enfoncé dans la prose douleureuse de Bernanos. Je m'étonne toujours de cette proximité qui me lie à Bernanos. Que ce soit sous le soleil de Satan ou le Journal d'un curé de campagne, je me sens on ne peut plus proche de cet auteur. Bernanos est peu enseigné dans les écoles françaises, on le connait mal, c'est pourtant, à n'en pas douter, un des plus grands écrivains français de ce siècle. Sa foi catholique, et ses engagements politiques à l'extrème droite durant l'entre-deux guerres lui ont couté cher. Mon plaisir à lire le m'échappe aussi et je me demande ce qui peut me rapprocher irrésistiblement de lui: je suis un athée profondément démocrate de gauche, rien de plus différent au premier abord que nos deux mondes. Pourtant il y a quelque chose qui fait qu'au fond nous sommes très proches l'un de l'autre. Je comprends mieux ses écrits que ceux d'un Zola, d'un Anatole France ou même que ceux d'un Sartre. Nous partageons sans doute l'amour pour ces êtres de la contradiction et une terrible croyance: celle que les meurtrissures et les fautes ne sont qu'un masque qui se rajoute à des êtres victimes d'une profonde déchirure et que ,derrière lui, ne reste plus qu'une pureté originelle. Ces mots ne seraient surement pas les siens, il leurs aurait sans doute préféré ceux de péché, de providence, de grâce, d'amour de Dieu, de foi, de démon et de surnaturel, mais pourtant c'est le même combat.

Ecrit par Caligula, le Samedi 31 Mai 2003, 23:03 dans la rubrique "Premiers Pas".